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Réfection de la couche de roulement du pont de Brooklyn
La combinaison gagnante : l’enrobé – les ouvriers – le matériel
L’été dernier, le sous-traitant Asphalt Paving Systems Inc. (APS) du New Jersey a été chargé de la réfection de la chaussée du pont de Brooklyn. Ken Messina, le président d’APS, connaît bien ce chantier et les défis qu’il pose. C’était en effet son troisième micro-surfaçage de ce pont emblématique depuis qu’il travaille pour APS. Les difficultés soulevées sont beaucoup plus nombreuses que celles d’un chantier de micro-surfaçage ordinaire : heures de mise en œuvre limitées (fermeture des voies de 22 h à 5 h), air frais et humide, dosage difficile (enrobé Type 3) et bicouches de micro-surfaçage de 13 kg chacune.
Le tablier du pont de Brooklyn, construit en 1883, est un treillis métallique rempli de béton, puis revêtu d’un matériau bitumineux. En raison des restrictions de charges, le tablier requiert un fraisage et un micro-surfaçage tous les huit ans environ pour entretenir le revêtement. Le trafic moyen journalier annuel (TMJA) sur le pont étant environ 150 000 véhicules, la pose des enrobés devait se faire logistiquement pendant la nuit. « La surface à traiter se compose de trois voies dans les deux sens, sur environ 1 km de longueur » , explique Messina. Le revêtement se faisant en deux couches, cela revient à traiter environ 12 km de voies, et ce en six nuits.
La réfection de chaussée exige deux opérations préalables : l’enlèvement manuel de l’ancien revêtement, puis un grenaillage des voies pour décaper complètement l’ancienne chaussée et assurer l’adhérence du nouveau micro-surfaçage. Les réparations nécessaires du tablier ont été effectuées. « Au terme de ces opérations, le pont nous a été confié pour le reste des travaux », a dit Messina.
Les enrobés
En raison du trafic très dense et du fait que c’est une travée suspendue, APS a utilisé un enrobé de Type 3, au lieu du Type 2. Messina indique que le granulat Type 3 est plus grossier et contient des gros gravillons. « Certains granulats se prêtent mal à un micro-surfaçage avec le Type 3 et peuvent poser problème pour les dosages », a-t-il ajouté.
Les chantiers de nuit compliquent aussi la production des enrobés. « Le béton pour micro-surfaçage ne bénéficie pas pendant la nuit de la chaleur des rayons solaires qui accélèrent son durcissement durant la journée, et cela entraine une rupture complète du processus chimique, » explique Messina. « Vous êtes sur le pont de Brooklyn, donc au-dessus du fleuve. Vous avez l’humidité, il fait frais pendant la nuit et le pont bouge presque constamment pendant le travail, car une voie reste ouverte dans l’un des sens, selon l’endroit des travaux… » C’est pourquoi APS a collaboré avec le producteur d’émulsions et d’émulsifiants pour assurer une prise rapide tout en conservant la résistance nécessaire.
Aucune interruption
Tous les soirs de chantier, dès 22 h, il a fallu couvrir les joints de dilatation et les bouches d’égout avant de commencer le surfaçage, soit un travail préparatoire d’environ 2 heures. « Les syndicats nous ont alors donné un coup de main », reconnait Messina. « Notre travail est spécialisé et les syndicats n’ont pas forcément d’ouvriers formés dans notre domaine. En plus, le nombre de nos ouvriers était supérieur à la moyenne, et tout le monde était au boulot pendant cette période de l’année. Personne n’était libre. Mais nous avons pu compter sur d’excellents manœuvres syndiqués pour nous aider. Nous leur avons montré comment protéger les équipements publics du chantier : les bouches d’égout, placées tous les 4 m seulement, les joints de dilatation permettant le jeu des dalles de béton, tout cela exigeait une protection. »
Par ailleurs, les granulats spéciaux d’APS provenant d’une carrière au centre du New Jersey, les besoins en transport de matériaux étaient importants. « Des transporteurs se sont libérés et ont assuré le chargement des camions et le transport continus des matériaux sur le chantier. Il ne fait aucun doute que la qualité de la main-d’œuvre est la clé de la réussite d’un chantier. De tous les chantiers en vérité » a-il ajouté.
Messina reconnait également la qualité du matériel de revêtement utilisé par APS pour mener à bien les travaux. Aucun nouveau matériel n’a été acheté. APS a choisi d’utiliser les finisseurs M210 de Bergkamp Inc. qui ont fait leurs preuve et que les ouvriers connaissent bien.
Selon Messina, le M210 était idéal pour ce chantier sous plusieurs aspects, parmi lesquels la fiabilité n’était pas le moindre. « Le temps était compté : fermeture des voies et travail préparatoire, puis surfaçage, marquage et réouverture des voies dans le cadre des heures de travail de nuit, dit-il « Le matériel de Bergkamp est toujours fiable. « Mais cette fiabilité ne nous met pas à l’abri d’ennuis mécaniques. La clé du succès d’APS est sa relation avec Bergkamp. Son service à la clientèle est sans égal. Ses représentants sont disponibles tous les jours de l’année, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Cette disponibilité est vitale pour notre entreprise, car la saison de la pose des enrobés est assez courte dans le Nord-Est, et les pénalités pour rupture de contrat sont une menace constante. Un jour d’arrêt-machine peut être désastreux pour beaucoup de nos chantiers. »
Le M210 sur camion a une capacité de transport de 8,0 m3 de granulats (chargement à ras bord), de 2 271 l d’émulsion de bitume et de 2 271 l d’eau. Il comporte une cuve d’additif de 246 l en acier inoxydable. La machine est équipée d’un moteur diesel Cummins de 99 ch, monté à l’avant, et d’un compartiment moteur fermé qui atténue le bruit pour le conducteur et l’équipe. Sa polyvalence garantit une meilleure gestion des restrictions légales de charges, car il accepte jusqu’à trois essieux traînés accessoires, dont un derrière l’essieu moteur. Cette caractéristique augmente l’empattement et facilite la conformité du M210 à la norme fédérale s’appliquant aux ponts.
Un tapis convoyeur à chaînes antipatinage véhicule le granulat vers la vis de répartition. Les parois pentues de la trémie minimisent la formation de ponts, et son revêtement intérieur en polyéthylène réduit le frottement. Il est donc inutile d’utiliser un vibrateur, ce qui minimise les problèmes de desserrage de boulons et d’endommagement des soudures et des composants. Une pompe volumétrique à engrenages, avec chemise de réchauffage, délivre l’émulsion de bitume à la vis de répartition. La pompe est actionnée par un arbre intermédiaire, solidaire du convoyeur, qui assure un rapport constant émulsion – granulat. La vis de répartition, à vitesse variable, comporte deux axes, des palettes multiples et une double commande hydraulique, qui assure l’homogénéité du mélange et de l’enrobage.
Selon Messina, « le M210 nous a donné un bon mélange en sortie de la vis et un enrobage satisfaisant de notre granulat, ainsi qu’un dosage et une émulsion tout aussi excellents. Bref, un résultat exceptionnel. Le M210 a pu travailler au même rythme que la vis. Il a pu appliquer d’une fois une couche d’enrobé de 13 kg, ce qui est extrêmement lourd pour un micro-surfaçage, en particulier pour un Type 3. »
La portée du pont
Le chantier du pont de Brooklyn s’est terminé juste avant le weekend de la fête nationale du 4 juillet 2017. Les ouvriers d’APS n’y ont pas été insensibles. Des photos du chantier, avec les membres de l’équipe et le matériel, sont affichées avec fierté dans la salle de réception d’APS à Hammonton au New Jersey.
Messina l’explique ainsi : « Vous êtes à New York. Vous regardez le pont de Brooklyn. Vous connaissez un peu son histoire et vous savez que sa construction en 1883 a coûté plusieurs vies. Au sommet du pont flotte la bannière étoilée. Un peu sur votre gauche se dresse la Statue de la Liberté. Lorsque vous êtes sur le pont, vous vous trouvez à environ 800 m de Ground Zero. Peu de temps avant le 4 juillet, nous étions donc tous là, sur le pont, et nous pensions à notre grand et beau pays. Quand on y réfléchit, prendre une photo du pont de Brooklyn avec ce drapeau et notre matériel était un moment très fort. … Mon émotion était intense. J’en ai eu la chair de poule.